Comment savoir si je suis sous emprise ?

Ce que l’on vit en silence, ce que l’on tait… et comment s’en libérer

C’est une question qui ne se formule pas facilement.
Elle arrive souvent tard, entre deux sanglots, ou après des années de confusion :
“Mais… est-ce que je suis sous emprise ?”

Et derrière cette phrase, il y a un monde.
Un monde de doutes, de culpabilité, de fatigue nerveuse, de renoncements, de silences.
Un monde où l’on ne sait plus très bien ce qu’on pense, ce qu’on ressent, ni même qui l’on est.

Ce que j’écris ici, je l’écris pour toi, pour vous — femme qui vit avec un homme “bien sous tous rapports”, respecté, charmant, brillant en société… mais qui à la maison, t’écrase doucement, sans bruit, sans coups, mais avec méthode.

L’emprise : ce poison lent, invisible et redoutablement efficace

L’emprise, ce n’est pas un drame soudain. Ce n’est pas un cri. Ce n’est pas un coup.
C’est une toile d’araignée, lentement tissée, avec patience, avec intelligence.
Et un jour, tu te réveilles et tu ne sais plus où tu es, ni comment t’en sortir.

Le psychiatre Alain Delourme parle de l’emprise comme d’un “processus de colonisation psychique”.
Il ne s’agit pas seulement de domination ou de manipulation : il s’agit d’envahir l’autre de l’intérieur.
Et souvent, ça commence “en douceur”.

Au début, il est parfait

Il t’écoute, il te valorise, il te fait rire. Il semble t’avoir choisie comme on choisit une muse.
Tu te sens unique, spéciale. Il devine tes besoins. Il t’offre une bulle.
C’est trop beau. Et ça l’est.

Parce que tout cela n’est pas de l’amour, c’est de la stratégie.

Le pervers narcissique (appelons-le par son nom) a un besoin vital de contrôle.
Et pour contrôler, il faut d’abord séduire. Faire tomber les défenses. Se rendre indispensable.

Dans le monde, il est charmant, courtois, brillant même. On l’admire. On l’envie.
À la maison, il change.
Petit à petit, il devient critique, froid, distant… puis agressif, parfois cruel.
Mais toujours en te faisant croire que c’est toi, le problème.

Reconnaître que l’on est sous emprise : les signes qui ne trompent pas

Tu ne sais plus très bien à quel moment tu as commencé à douter de toi.
Mais aujourd’hui, il y a ça :

✘ Tu t’excuses tout le temps

Pour tout, pour rien, même quand ce n’est pas ta faute, même quand tu n’as rien fait. Tu marches sur des œufs. Tu anticipes ses réactions, tu crains ses silences.

✘ Tu n’as plus vraiment d’opinion

Ou quand tu en as une, tu ne la dis pas. Ou alors tu la modifies, pour éviter la confrontation. Tu as appris que penser autrement que lui, c’est déclencher une guerre.

✘ Tu t’es éloignée de tes proches

Il les critique. Il les dénigre. Il t’a fait croire qu’ils te jalousaient ou qu’ils te tiraient vers le bas. Alors tu les as mis à distance. Tu es de plus en plus seule.

✘ Tu te sens vide, confuse, “à côté de toi”

Il te dit une chose et son contraire. Il te coupe la parole, te fait douter de ce que tu dis, de ce que tu ressens. Il retourne les situations contre toi. Il te rend folle. C’est le “gaslighting” (technique de manipulation pour gagner du pouvoir), une des armes les plus redoutables de l’emprise.

✘ Tu n’as plus confiance en toi

Avant, tu étais vivante. Aujourd’hui, tu survis. Tu ne décides plus. Tu ne sais plus ce que tu veux. Tu vis dans une forme de brume.

✘ Tu justifies son comportement

Tu dis qu’il est fatigué, qu’il a eu une enfance difficile, qu’il n’est pas comme ça “tout le temps”. Tu trouves des excuses. Tu espères.

Qui est le pervers narcissique ?

C’est un homme qui porte un masque.
En société, il est parfait : personne ne le croirait capable de ce qu’il fait à huis clos.

Il a besoin d’admirateurs. Il se nourrit de l’image qu’il renvoie.
Mais il est incapable d’empathie réelle. Il ne supporte pas la contradiction. Il se sent menacé dès qu’il n’a pas le contrôle.
Il attaque, dévalorise, rabaisse… et juste quand tu es au bord du gouffre, il redevient doux. Il t’offre une trêve. Un peu d’amour. Un espoir.

C’est le cycle :
Séduction – Dévalorisation – Contrôle – Pseudo-réparation – Re-séduction.

C’est un piège, et tu es dedans.

Pourquoi c’est si difficile d’en sortir ?

Parce que tu l’aimes.
Parce que tu espères qu’il change.
Parce qu’il t’a fait croire que tu étais trop sensible, trop compliquée, pas assez ceci, trop cela.

Parce que tu es épuisée, isolée, et que tu ne sais même plus si tu as le droit de partir.
Parce qu’il a abîmé ton radar intérieur.

La psychiatre Marie-France Hirigoyen, dans Le harcèlement moral, décrit parfaitement cette mécanique de démolition psychique lente.
Tu n’es plus dans une relation. Tu es dans une prise d’otage émotionnelle.

Alors… comment s’en sortir ?

Il n’y a pas de recette miracle.
Mais il y a des étapes. Et surtout, il y a toi.

1. Nommer ce que tu vis

Il faut mettre des mots.
Tu n’es pas “difficile à vivre”. Tu n’es pas “trop émotive”. Tu es sous emprise. Ce que tu vis est une forme de violence psychologique. Et c’est interdit par la loi.

Lire peut aider. Je te recommande les ouvrages de :

2. Parle à quelqu’un de confiance

Une amie, un membre de ta famille, un professionnel … mais quelqu’un qui te croit et ne minimise pas.
Parler, c’est commencer à reprendre pied.

3. Note ce qu’il te dit, ce qu’il fait

Noir sur blanc, pas pour te convaincre. Pour ne plus oublier, parce que la confusion est l’arme de l’emprise.
Mettre de la clarté, c’est commencer à te libérer.

4. Reviens à toi, à ton corps, à ton intuition

Quand on est sous emprise, on vit déconnectée de soi.
Il est vital de retrouver ton corps, tes ressentis, ta boussole intérieure.
La sophrologie, la thérapie psychocorporelle, la gestalt-thérapie, peuvent être des alliées puissantes.

C’est ce que je propose en séance : un espace pour te reconnecter à toi, à ce que tu ressens, à ce que tu veux — loin du regard de l’autre.

5. Prépare ton départ (avec précaution)

Tu n’as pas à partir du jour au lendemain si tu ne t’en sens pas capable.
Mais tu peux préparer ton départ. Ouvrir un compte à ton nom. Trouver un logement. T’entourer. Appeler le 3919. Prendre contact avec une association.
Tu as le droit de fuir ce qui te détruit.

Tu n’es pas seule. Je peux t’accompagner.

Sortir d’une relation d’emprise est un parcours.
Ça ne se fait pas en un jour.
Mais c’est possible. Et tu n’as pas à le faire seule.

Je suis psychopraticienne, formée à la sophrologie, à la gestalt-thérapie, à la gestion des traumas.
J’accompagne les femmes qui veulent reprendre le pouvoir sur leur vie, reconnecter leur corps, retrouver leur voix.

Je t’écoute sans jugement.
Je t’aide à comprendre ce que tu vis.
Je t’aide à sortir de la confusion et à poser des actions concrètes.
Je t’aide à guérir.

Il n’y a pas de honte à être tombée dans l’emprise.
C’est la preuve que tu es humaine, sensible, capable d’aimer.
Mais il est temps de tourner la page. Et d’écrire la tienne.

Un dernier mot, pour toi qui doutes encore

Si tu es en train de lire ces lignes, c’est que quelque part en toi, tu sais.
Tu sens que ce que tu vis n’est pas normal. Tu n’es pas “folle”. Tu n’exagères pas.

Alors pose-toi cette question simple :
“Et si c’était ma fille, ma sœur, ma meilleure amie… je lui dirais quoi ?”

Tu connais la réponse.
Applique-la à toi. Tu mérites la même bienveillance.